samedi 28 mars 2020

La voie paradoxale épisode 6

Épisode 6


« Ici vaisseau Alpha 123, demandons autorisation d’atterrir. Nous revendiquons le droit d’asile, dit la voix de Theudas.»
Opaline était l’une des planète qui accordait le droit d’asile sacré à tous les fugitifs qui le demandaient. Ce droit était rarement invoqué. Il y avait de nombreuses autres planètes qui accordaient ce droit parmi les mondes indépendants. Et Opaline, eut égard à sa réputation de planète la plus sure de la galaxie accueillait plutôt les personnalités de premier plan qui s’estimaient menacées.
Le petit groupe s’était embarqué sur le vaisseau de Sheila. Il était assez petit, mais le voyage était court.
« Vaisseau Alpha 123, vous pouvez vous poser.»
Le vaisseau entama sa descente vers la planète matriarcale.
A terre il furent accueillit par une jeune femme qui occupait le poste de commandant de l’astroport.
« Une de nos guerrières va vous conduire à vos appartement, leur dit - elle.»
De nombreuses jeunes femmes en arme patrouillait sur le tarmac. Parmi l’assistance se trouvait Eléonore. La chef de patrouille du secteur était une de ses camarades de promotion revenue depuis peu de son service mercenaire. Elle assista au débarquement du petit groupe. Soudain, un souvenir reflua en elle. La jeune femme au port altier qui venait de débarquer avec les deux hommes et l’autre femme, elle était sûre de l’avoir déjà vu. Ses mouvements la trahissaient. Elle reconnut la guerrière écologique qui avait essayé d’attenter à la vie de la princesse Isabeau. Bien sur elle n’avait jamais vu le visage de Sheila. Mais dans sa formation d’Amazone elle avais appris à reconnaître les individus d’après leurs gestes et leurs mouvements. Et ces mouvements gracieux et ondulants presque félins, elles les auraient reconnu entre mille. Elle murmura quelques paroles à son amie. Deux jeunes guerrières s’avancèrent vers le petit groupe et demandèrent à Sheila de les suivre.
« Écoutez dit Theudas, c’est sûrement un malentendu.»
Les deux jeunes femmes lui firent comprendre qu’elle ne souhaitait pas discuter. Sur ces entrefaites survint leur guide.
« Ça ne devrait pas être long, dit Sheila confiante, des formalités à régler rien de plus.»
Theudas était moins sûr du coté anodin de l’incident, mais il décida de jouer le jeu des autorités opaliniennes.

Sheila se retrouva dans une petite salle dans ce qui semblait être un poste de police. Elle comprit tout de suite dans quelle traquenard elle se trouvait quand son regard croisa la silhouette d’Eléonore.
C’est d’ailleurs cette dernière qui entreprit de mener l’interrogatoire.
« Vous avez essayé d’attenter à la vie de la princesse Isabeau, sur Alma Mater, il y a trois mois.
– Je ne nierais pas m’être introduit dans le palais impérial. Je devais commettre un assassinat, mais je savais pas qui était la cible.
– Vous croyez que je vais avaler ça.
– Ça m’est égal que vous me croyez ou non. L’essentiel c’est que je vous dise la vérité. Le commanditaire était Christopher Hagen. Je ne l’ai appris qu’après.
– Pourquoi êtes vous venu sur Opaline.
– Je protège quelqu’un. En fait un enfant.
– Vous n’avez aucune autres raison d’être ici ?»
Éléonore était convaincu que la guerrière écologique mentait effrontément. Elle devait savoir pour la princesse, sinon pourquoi serait - elle sur Opaline ?
« Reprenons depuis le début. Parlez moi de cette mission au palais.
– On m’avais chargé d’éliminer une personne. On m’avais juste dit dans quelle partie du palais elle résidait et où se trouvait sa chambre. On ne m’avait pas dit que je rencontrerais une telle résistance.
– Vous connaissiez pas son identité ?
– Non, je vous assure.
– Je ne vous crois pas.»
La porte s’ouvrit violemment et Theudas fit son entrée dans le poste de police. L’absence de Sheila durait depuis trop longtemps. Il s’en était enquis. Et on lui avait dit qu’elle avait été amené au poste de police. Il s’y était rendu.
« Écoutez quoi que vous pensiez et quoi que Sheila ait commis dans le passé cela ne compte plus. Comme moi elle est maintenant l’un des protecteurs de l’élu. Vous ne pouvez pas la garder ici.
– Je croyais que les protecteurs de l’élu était quatre, vous n’êtes que trois.
– ll nous manque un membre de la compagnie, oui. Et c’est une femme. Vous peut - être lança - t - il ironiquement en direction d’Eléonore. En tout cas elle vient avec moi. Cette mascarade n’a que trop duré. Au fait je souhaiterais avoir accès à un poste d’hyper-communication.
– On va vous en fournir un, ne vous inquiétez pas.»

Theudas et Sheila avançait dans le couloir.
« Que fait notre jeune Murano, demanda Sheila.
– Il consulte des banques de données encyclopédiques.
– Je peux venir avec vous ?
– Aucun problème, la conversation que je souhaite avoir n’est pas secrète.»
Theudas s’installa face à la console de communication. Il composa un code et le visage du colonel Azad s’encadra sur l’écran holographique.
« Bonjour, colonel, avez - vous ce que je vous ai demandé.
– J’ai des informations sur vos persécuteurs ou en tout cas une piste sérieuse. Avez vous entendu parler des Ingénieurs de la Voie Paradoxale.
— Non. Je ne connais pas cette organisation.
— Et pour cause ils ont disparu depuis au moins mille ans. On raconte qu’ils sont à l’origine du schisme de l’Empire. Ils ont créé toute une technologie fonctionnant à partir du végétal. Ils ont inventé entre autre des intelligences végétales. Dans une partie de l’Empire on a remplacé les IA traditionnelles par ces intelligences, ce serait la véritable raison du grand schisme.
Un hologramme représentant un humanoïde verdâtre que Theudas n’eut aucun mal à reconnaître apparut sur l’écran.
– Ils ont aussi créé des golems végétaux, continua la voix du colonel. Ils ont servi d’ouvriers non qualifiés, et même de soldat à cette époque. Et ils correspondent à peu près à la description de tes ennemis. Le problème, c’est qu’il ne sont pas censé être dotés d’une conscience. Voilà c’est tout ce que je peux t’apprendre.»
Sur ce ils prirent congés l’un de l’autre. Sheila avait le regard fixé sur l’écran holographique où s’affichait toujours le grotesque golem végétal.
« J’ai déjà vu cette créature, dit - elle, lorsque je suis tombée dans le piège tendu par Christopher Hagen, il était accompagné par l’une d’entre ellle.»
Cette information changeait la donne. Ainsi c’était les Hagen qui s’en prenaient à lui en utilisant ces créatures. Dieu seul savait comment Christopher leur avait donné la vie.

Eléonore entra dans le petit appartement qu’elle occupait avec la princesse dans la bâtiment destiné aux hôtes.
« J’ai fait la connaissance de notre nouvelle voisine, l’accueillit Isabeau. C’est une mémorialiste de l’Empire du Milieu. Il paraît qu’elle est la mère de l’Elu. Son enfant sera donc appelé à devenir mon successeur.
— Pas nécessairement. Il est dit seulement que l’Elu réunira les deux empires divisés au moment du schisme. Ce peut être un ministre, ou même un diplomate. Nul part, il n’est écrit que l’Elu deviendra empereur.»
Les propos d’Eléonore ne convainquirent qu’à moitié la jeune princesse. Eléonore ne resta que quelques instants laissant Isabeau seule.
La jeune princesse était mal à l’aise. Elle sentait une présence en elle. Quelque chose essayait d’entrer en contact avec elle. Elle avait essayé de résister, mais c’était toujours là.
La jeune princesse était fatigué. Une vois s’insinua dans son crâne, venue d’on ne sait d’où.
« Tu ne régneras jamais. Cet enfant sera le prochain empereur. Si tu veux régner, tu sais ce qu’il te reste à faire.»
La princesse sentait bien que ces pensées lui était étrangère. Il lui fallait résister. Mais la voix revenait à la charge, répétant sans cesse son monologue agrémenté de quelques variantes. Elle essaya de répliquer, égrenant des arguments de bon sens.
« La dynastie a fait son temps. De nouveaux maîtres vont régner. De noires puissances l’on décidé, répondit la voix.»
Elle se sentait prête à céder. Elle ne pouvait pas résister à cette force étrangère qui prenait le contrôle de son esprit.
«Tu dois le tuer.»
« Je ne peux pas faire ça pensa - t - elle.»
Elle ne devait surtout pas céder aux injonctions de la voix. Que pouvait - elle faire ? Elle essaya d’appeler Eléonore, mais elle se souvint que l’amazone était sortie avec quelques amies qu’elle n’avait pas vu depuis son départ de la planète. Elle était livrée à elle même. La vois égrenait sans cesse la même mélodie frelatée :
« Tu dois le tuer.»
Elle se vit soudain faire un geste. Elle ne se contrôlait plus. Elle s’empara d’un couteau laser, dans la cuisine de l’appartement. Elle essaya vainement de lâcher l’arme. Ce fut en vain. Elle fit un pas, puis un autre. Elle n’avait plus aucun contrôle sur ces mouvements. Elle se voyait faire des gestes qu’elle ne commandait pas. Elle était horrifiée. Elle vivait un véritable cauchemar. Puis son esprit vacilla. Et ce fut le noir complet.
Opaline avait beau être une planète sûre, Theudas avait décidé avec ses deux compagnons de faire des tours de gardes au cas où un intrus essaierait d’attenter à la vie de l’enfant. Idriss se tenait donc devant le petit lit, où Chan dormait à point fermé. Un grincement léger l’avertit d’une présence. Il s’empara de sa flûte. La porte s’ouvrit doucement et Isabeau apparu, telle une furie son couteau laser à la main. Idriss commença sa mélodie. Il entra en phase avec l’esprit de la jeune femme et commença à jouer. Il ne commença pas une mélodie mortelle, il voulait juste paralyser et neutraliser l’intruse pour pouvoir l’interroger ensuite. Les notes s’élevèrent pures, dans l’air. La jeune femme ne semblait pas vouloir céder. Quelque chose interférait avec son don d’empathie.
Ce fut à ce moment là que la porte s’ouvrit violemment. Il ne fallut que quelques secondes pour que la scène se joue. La jeune femme qui un instant auparavant brandissait la couteau au dessus du lit de l’enfant gisait maintenant sur le sol. Dans le chambranle de la porte s’encadrait la silhouette d’une femme d’environ vingt cinq ans, entièrement vêtue de noire. Dans sa main elle tenait un objet qui ressemblait à un boomerang. C’était Eléonore.
Theudas et Sheila furent réveillé par le bruit et se levèrent en sursaut. Au bout de quelques minutes la compagnie fut réunie dans la chambre de l’enfant.
« Qu’est ce qui se passe, cria Theudas.
– Ne t’inquiète pas tout est fini.»
Theudas lança un regard interrogateur à l’amazone.
« Elle n’était plus là lorsque je suis rentré. J’ai était prise d’un affreux pressentiment. Et je suis directement venu ici.
– Qui est - ce demanda Idriss, dirigeant son regard vers le corps étendu de la princesse.
— Tu ne lis donc jamais la presse, lui dit Theudas, c’est la princesse Isabeau.
Idriss se félicita de son choix qui lui avait fait opter pour une mélodie non mortelle.
— Pourquoi a-t-elle fait ça ? demanda soudain Eléonore.
— Je ne sais pas si c’est important mais quelque chose a interféré avec mon pouvoir empathique, dit le jeune Murano.
Sheila sembla se concentrer et parut soudain soucieuse. Un observateur aurait pu croire qu’elle entrait dans une sorte de transe.
— Il y a une sorte d’implant biologique implanté dans le cerveau.»
Eléonore comprit tout. L’attaque de la guerrière écologique n’était qu’une diversion. Elle n’était pas censé réussir. Pendant qu’Eléonore et Graon défendait les appartements de la princesse contre la guerrière, quelqu’un s’y était introduit pour lui poser cet implant.
Eléonore donna des ordres pour que la princesse soit conduite d’urgence à l’hôpital.
Theudas se retourna vers l’amazone et dit :
« Maintenant nous sommes quatre.»

Isabeau fut conduite à l’hôpital pour lui ôter son implant. Sheila insista pour l’accompagner arguant que ses pouvoirs d’empathe était à même de neutraliser l’implant pendant l’opération. Ce fut accepté au grand dam d’Eléonore qui ne lui faisait toujours pas confiance. L’attente fut longue.
Idriss la mit à profit pour faire plus ample connaissance avec Eléonore.
« En tant qu’Amazone, tu as du visiter une bonne partie de la galaxie.
– Une dizaine de planètes tout au plus.
– As - tu entendu parler d’une immense cathédrale sculptée au flanc d’une montagne, qui s’élève au dessus d’une banquise.
– Cela ne me dit rien. Pourquoi ?
– Pour rien. Parlons d’autre chose comment se passe la vie sur Opaline ?
– Comme partout. Quoique, j’ai toujours trouvé cette planète un peu déprimante.
De l’étage où se trouvait leur appartement, ils pouvaient voir au delà des limites de la ville l’immense lande qui l’entourait.
– Des landes, des prairies, des toundras, reprit l’Opalinienne, quelques forêts, mais trop peu à mon goût.
– Il n’y a que des femmes ici ?
– Seules les femmes ont la citoyenneté. En fait les hommes qui servent de géniteur à nos enfant sont des immigrants. Les travailleurs étrangers sont les seuls hommes qui sont autorisés à rester sur la planète, si l’on excepte les réfugiés bien sûr.
– Un programme de sélection, oui c’est ça un programme de sélection.
– De quoi parles tu ?
– La sorcière génétique est en fait un programme de sélection et l’élu est son aboutissement. Lorsque tu m’as parlé des mœurs opalinienne ça m’as mis la puce à l’oreille. Au fait vous ne gardez que les filles ?
– Les garçons doivent quitter la planète à leur dix huitième anniversaire au plus tard.
– Comment tout cela a commencé ? Je veux dire l’histoire d’Opaline.
– Un vaisseau transportant les membres d’un ordre religieux féminin s’est écrasé et ce sont ces femmes qui ont bâti la civilisation opalinienne.
– Opaline est un élément du programme de sélection, explosa Idriss, Opaline est lié au mystère de la sorcière génétique.


– J’en était arrivé à peu près à la même conclusion, fit la voix de Theudas, qui entra dans la pièce à ce moment. Sheila vient d’appeler. Ils viennent d’ôter l’implant d’Isabeau. Il s’agit d’un implant végétal. Il semblerait que quelqu’un ait retrouvé les connaissances des Ingénieurs de la Voie Paradoxale.» 

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