jeudi 26 mars 2020

La voie paradoxale épisode 4

Épisode 4


Lorsqu’Éléonore arriva dans la salle du trône, la princesse l’attendait déjà. L’impératrice se tenait face à elles. L’ordre du jour de cette réunion improvisée était la sécurité de la jeune princesse.
« La princesse ne peut pas rester au palais tant que nous ne savons pas qui a commandité ce meurtre, attaqua l’impératrice. Nous la mettrons en sécurité sur une autre planète.
– Mais, mère...
– J’ai jeté mon dévolu sur Opaline. D’abord, vous en êtes originaire, Éléonore, et Isabeau semble bien vous aimez. Ensuite nous avons consulté des experts. Il semblerait que ce soit la planète la plus sécurisée de la galaxie.»
Le destin jouait parfois des tours pensait Éléonore. Elle qui ne voulait à aucun prix retourner sur sa planète natale s’y voyait contrainte et forcée d’y revenir. C’était injuste.
« Vous partirez dans une heure, rajouta l’impératrice.»
Les deux jeunes femmes rassemblèrent leurs affaires. Elles se dirigèrent ensuite vers l’astroport privé de la famille impériale. On avait mis un vaisseau à leurs dispositions. On avait convenu qu’Eléonore le piloterait. Le pilotage spatial entrait dans la formation guerrière qu’on lui avait dispensé sur Opaline.
Les deux femmes venaient de s’installer dans la cabine spartiate du petit astronef.
« Tu peux laisser tomber le protocole, dit la princesse à Éléonore. Nous sommes amies, plus besoin de nous vouvoyer. Ici nous n’avons plus à donner le change à personne. Tu peux me tutoyer.»
Il est vrai qu’au palais, il y avait toujours les règles de l’étiquette à respecter. Elles n’étaient jamais vraiment seules. Éléonore était juste un peu au dessus des domestiques. Donc elles devaient adopter des relations formelles. Dans l’espace confiné du vaisseau elles étaient seules et pouvaient se parler librement.
Le décollage se passa bien. En quelques minutes le vaisseau atteint l’espace. Éléonore enclencha la téléportation. Il en faudrait plusieurs pour atteindre Opaline perdu dans la multitude des mondes indépendants aux frontières de l’Empire Originel. La jeune femme appuya sur le bouton. Le vaisseau se dématérialisa et se rematérialisa à quelques d’années lumières de là.
Les senseurs du vaisseau repérèrent un groupe d’engins effilées qui s’étaient mis en position d’attaque en vue d’une chasse. Éléonore braqua les les caméras télescopique du vaisseau dans leur direction. Il s’agissait d’étranges créatures, bardés d’implants cybernétiques.
« Ce sont des cosmocrackens, mais ils ont été cybernetisés. Reste à savoir s’ils sont là pour nous.»
Éléonore calcula le meilleur point de transit pour le relais suivant. Les cosmocracken se lancèrent à la poursuite du vaisseau. Une petite escadrille sortit de l’abris, fourni par les créatures. Les chasseurs ouvrirent le feu. Éléonore répliqua et leur expédia une salve. Pendant ce temps un lourd croiseur venait de se positionner devant le petit vaisseau pour leur fermer définitivement l’accès au point de transit.
« Essaie de trouver un autre point de transit, demanda la jeune princesse à Éléonore.»
Une salve frappa à nouveau l’arrière du vaisseau. Un voyant rouge se mit à clignoter tandis qu’une sonnerie stridente retentit.
« Le téléporteur a été touché.
– Qu’est ce qu’on va faire ?
– Regarde dans le répertoire quelle est la planète la plus proche d’ici.
– Memphis.
– Je programme les coordonnées et on saute tout de suite.»

Il fallut quelques secondes au petit vaisseau pour atteindre la périphérie de la planète désertique.
« Ta mère est elle en bon terme avec le pharaon de Menphis, demanda Eléonore ?
– A ma connaissance il n’ont pas d’ambassade chez nous.
– Génial. On va être obligé de se poser en plein désert et d’atteindre l’astroport à pied. Nous trouverons bien un vol pour Opaline. Je ne tiens pas à attirer l’attention avec un vaisseau aux armes de la famille impériale.»
Eléonore sélectionna un endroit situé ni trop prés, ni trop loin de Thèbes, la capitale planétaire. Le vaisseau se posa sans problème.
Les deux jeunes femmes sortirent. Il faisait horriblement chaud. Un vent sec contribuait à accentuer encore cette sensation de chaleur. Ça et là un petit reptile s’enfouissait dans le sable. On n’entendait pas un bruit, si ce n’est que le bourdonnement occasionnel d’un insecte. Soudain sortant de l’abri des dunes emmergèrent des hommes armés. Ils étaient vêtus de blanc. Leur visage était dissimulé par un masque métallique. Leur tête était recouverte d’un turban prolongé par une pièce d’étoffe qui descendait jusque à la nuque.
« Nous sommes les contrebandiers d’eau, dit un des hommes qui s’étaient approché des deux jeunes femmes. Vous êtes nos prisonnières. Et ensuite quand nous l’auront décidé nous partagerons votre eau.»
Eléonore n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour voir ce qui les attendaient. Une fois au camp des contrebandiers d’eau, elle trouverait sans doute une opportunité d’évasion. Après elle était une amazone d’Opaline, une guerrière parfaite.
La nuit était tombée sur le camp des contrebandiers d’eau. Eléonore et Isabeau avaient été attachées. Un seul garde veillait et avait charge de la protection du camp. Eléonore se souvenait encore du jour où les amazones l’avaient conduite au coeur de la toundra. Avant de l’abandonner on l’avait attaché. On lui avait donné quarante huit heures pour se rejoindre sa caserne. Elle se souvenait encore de la manière dont elle avait brisé ses liens. Elle fit lentement jouer ses mains. La corde se détendait imperceptiblement. Quelques minutes suffirent pour que les mains soient totalement libérées. Elle détacha ensuite ses jambes. Le garde tout occupé à protéger le camp contre un ennemi extérieur n’avait rien remarqué. Elle s’approcha de lui lentement et l’assomma du tranchant de la main. Elle lui déroba son arme. Ensuite elle entrepris de libérer Isabeau.
Les deux femmes marchaient lentement dans le désert. Elles suivaient maintenant un étroit canyon. Elles décidèrent de s’arrêter quelques instants dans une grotte pour dormir un peu. Lorsqu’elles se réveillèrent il faisait grand jour. Le soleil dardait ses rayons de plomb sur le sable.
« Nous ne sommes pas très loin de Thèbes. Pas plus de deux jours, dit Eléonore, et j’aimerais mieux partir d’ici le plus vite possible.
– Dans cette fournaise ?
– Nous n’allons pas tarder à rencontrer des zones habitée. On trouvera sans doute de l’aide.»
Le canyon se poursuivait sur quelques kilomètres. Au delà c’était la plaine de sable. On distinguait dans le lointain les silhouettes proéminentes des pyramides.
« C’est une de leur nécropole, dit Isabeau. Elles sont souvent gardées et leurs gardiens ne font généralement pas de prisonniers à ce que l’on dit.
– Seules les nécropoles en activité ont des gardiens. Les autres ne sont pas gardées.
– Tu n’as jamais mis les pieds ici et tu connais plein de choses sur cet endroit.
– Cela fait partie de ma formation d’Amazone. »
Eléonore pris ses jumelles et regarda en direction des pyramides. La nécropoles ne semblait pas de construction récente. Il n’y aurait donc pas de mauvaise surprise. Elles risquaient de rencontrer tout au plus des pilleurs de tombes.
Le vent s’engouffrait entre les pyramides. Les deux jeunes femmes marchaient entre les tombeaux, attentives au moindre bruit insolite. Le vent porta bientôt à leur oreille, des bribes de voix. Eléonore crispa sa main sur l’arme volée au contrebandier d’eau. Les deux jeunes femmes d’un commun accord décidèrent de se diriger d’où venait les voix. Elles se cachèrent entre deux pyramides et décidèrent d’observer, avant de faire éventuellement connaître leur présence.
Un homme, plutôt jeune et dont les vêtements prouvaient qu’il était étranger à la planète négociait âprement avec un indigène.
« Ces poteries ne valent rien. Même au marché noir. Aucun collectionneur n’en voudra jamais. Je ne prend pas, désolé.»
Le jeune homme gardait sa main sur la crosse de son pistolaser, prêt à dégainer si l’indigène se montrait hostile.
L’indigène remballa les poteries et s’éloigna.
Eléonore observa le désert alentour à la jumelle. On apercevait entre les pyramides une masse métallique colorée qui ne pouvait être qu’un astronef.
« Je crois que l’on a trouvé notre moyen de transport, dit elle en tendant les jumelles à la princesse.»
Les deux jeunes femmes décidèrent de faire connaître leur présence.
Elles quittèrent leur cachette et hélèrent le jeune homme.
Celui ci dégaina son pistolaser.
« D’ou sortez vous ?
– Du désert. Notre vaisseau est endommagé. Nous avons grillé le téléporteur et nous avons été obligé de nous poser dans le désert.
– Bon, ça va. Où désirez vous vous rendre ?, répondit - il en rengainant son arme.
– Sur Opaline.
– Ce n’est pas trop loin et en même temps cela ne me fait pas faire un trop grand détour. Au fait, je m’appelle David Bastion. Je suis négociant indépendant.»
L’homme était donc un contrebandier, songea Eléonore. Il achetait sans doute des antiquités à des pilleurs de tombes. Cela expliquait la scène que les deux femmes avaient vu précédemment.
Le jeune homme leur fit signe de les suivre dans leur vaisseau. Il s’installa aux commandes.
« C’est parti, direction Opaline.» 

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