mardi 31 mars 2020

La voie paradoxale épisode 10

Episode 10

Le petit groupe s’était réuni dans le grand salon. Idriss et Sheila venaient de rentrer de leur mission sur Lanteim. Ils avaient eu du mal à échapper aux moines lancés à leurs trousses sur la banquise. Mais grâce à leur ruse les deux compagnons avait réussi à rallier le vaisseau de David Bastion.
«Notre ennemi principal se trouve sur Cerdandi, commença Theudas. Il s’agit d’une intelligence végétale fabriquée par les Ingénieurs de la Voie Paradoxale. C’est elle qui contrôle les golems végétaux.
Il se tourna vers Idriss et Sheila.
– Vous avez bien fait de détruire la couveuse. Nous devons nous rendre là bas et détruire l’intelligence végétale.
– Une fois sur la planète il faudra la repérer, dit Idriss. Et si elle est là bas depuis un millénaire elle a su se faire discrète.
– Et ça ne sera sûrement pas simple. Il faut d’abord se renseigner sur Cerdandi, dit Eléonore.»
Ils se plongèrent dans les sources encyclopédiques. Cerdandi était une planète jungle.
« Ils ne pouvaient pas rêver mieux pour cacher leur satanée intelligence végétale.»
Il fut convenu qu’ils se rendraient sur place à bord du vaisseau de Sheila. L’astronef n’était pas très grand. Il faut dire que toute la ménagerie de Sheila se trouvait à bord, ainsi que plusieurs robots qui avaient la charge de s’occuper des animaux. Il ne restait donc pas un grand espace habitable.
Sheila ouvrit une petite cage où se trouvait de minuscule créature au pelage pourpre. Elles ressemblaient à un hybride de singe et de souris qui aurait été doté d’une paire d’ailes. Elles ne mesuraient que qu’un où deux centimètre de haut.
« Ces créatures sécrètent un enzyme qui peut détruire la chlorophylle des plantes. Nous nous en serviront pour asphyxier l’intelligence végétale.»

A des milliers d’années lumières de distance la petite flottille venaient d’arriver en vue de Varnilde.
« Enfin de retour au pays, s’exclama Alexander depuis le pont du vaisseau amiral. Gardez l’oeil les ennuis ne vont pas tarder à commencer.»
Et comme pour lui donner raison une escadre de chasseurs vint à leur rencontre. Les petits vaisseaux ouvrirent le feu.
« Ils ne font même pas de sommations, s’exclama Khalid.
– Mon cher père a peur de tout même de son ombre.»
Les croiseur ouvrirent le feu et eurent tôt fait d’éliminer les chasseurs.
« Et il a quoi d’autre en réserve ?
– D’autres chasseurs. Et sûrement des croiseurs comme les nôtres. On raconte qu’il a passé alliance avec des pirates.
– Ça lui ressemble bien, ça.»
Une autre vague de chasseur attaqua. Les croiseurs répliquèrent et en abattirent plusieurs.
« Attendez, s’écria Alexander.
Il s’empara d’un communicateur.
« Chasseurs Hagen, je suis Alexander Hagen, je viens reprendre le fief de Varnilde des mains de mon père. Ses frasques et ses crimes ont souillé le nom de Hagen et son règne n’est plus légitime. Réfléchissez.»
Pour toute réponse une rafale frappa le vaisseau amiral. Alexander donna le signal de la riposte. Et les chasseurs furent vites anéantis.
« Ce sont des fanatiques ou quoi ? s’exclama Khalid
– Mon père a malheureusement eu tendance à s’entourer de porcs qui lui ressemblent. Et les cours donnés dans les académies militaires Hagen n’apprennent guère la finesse et l’intelligence. Et le spectacle ne fait que commencer.»
Pour corroborer ses dires trois croiseurs attaquèrent le navire amiral. Les canons du vaisseau d’Alexander répliquèrent. Très vite l’un des croiseurs ennemis fut mis hors de combat. Les deux autres continuaient l’attaque. Plusieurs des vaisseaux d’Alexander mitraillèrent les croiseurs de Varnilde. Le combat fut intense. Mais au bout de deux longues heures les deux appareils ennemis furent mis hors course.
« Qu’est ce que c’est que ça ?
Un énorme appareil venait d’apparaître. Il ressemblait à un arbre doté de réacteur. Cela paraissait être un vaisseau vivant, un vaisseau végétal.
« On mobilise toutes nos forces vers le nouvel ennemi.»
Les croiseurs se dirigèrent vers le nouveau venu et déchargèrent toutes la puissance de leur canon laser. Le vaisseau ennemi n’eut pas la moindre éraflure. Alexander regardait le formidable appareil sur les écrans. Il avait enclenché le zoom pour voir les détails. Un arbre doté de réacteur, c’était vraiment ce qu’était ce vaisseau. On distinguait ça et là des nacelles blindées, sans doute les lieux où se tenait l’équipage.
« Ils ont sans doute équipé cet appareil vivant de symbiotes qui peuvent absorber la lumière de nos laser. Attaquez le à la torpille.»
Les croiseurs expédièrent chacun une torpille vers l’ennemi. Ce dernier fut touché, mais pas aussi gravement que Alexander l’aurait cru.
« Visez les nacelles métalliques.»
L’étrange vaisseau arbre expédia vers les croiseurs d’étranges projectiles.
« Enclenchez les boucliers.»
Les champs de force des vaisseaux d’Alexander réussirent à absorber les chocs provoqués par les projectiles.
« Cap sur Varnilde. On ne s’occupe plus de lui.
– Hein quoi ? Là je ne comprends plus.
– Il est plus lent que nous. On aura pas de mal à le distancer. Et on l’attendra dans l’atmosphère de Varnilde. Ce vaisseau est en bois. Et là on enclenchera les canons lance flammes. On aura un beau feu de joie.»

Le petit vaisseau arriva en vue de Cerdandi. La planète ressemblait à une immense boule verte.
« Comment on va faire pour repérer l’intelligence là dedans ?
– Elle doit émettre sur une longueur d’onde quelconque, si elle est en relation avec les golems. Je vais scanner la planète, dit Theudas.»
Theudas alluma les appareils de détections et les régla pour qu’ils signalent toutes émissions sur des longueurs d’ondes inhabituelles.
« Ça semble venir de partout et nulle part en même temps.
– La jungle ! La jungle toute entière est l’intelligence, dit Eléonore.
– L’intelligence utilise les arbres de la jungle comme relais. Elle les a englobés dans son système. Il faut en trouver le coeur.
– Comment on va faire ? demanda Idriss.
– On survole la planète et on trouvera quelque chose.
Je me connecte à une banque de données, dit Eléonore. ils auront peut être des informations sur la planète.. »
Le vaisseau fit un premier survol de la planète.
« S’il y a quelque chose ce n’est pas visible d’ici. On est trop haut.
– Ça y est. J’ai quelque chose, dit Eléonore. Voilà la planète a été évacuée il y a deux siècles à la suite de manifestations d’hostilité de la jungle. C’est comme si la planète entière était devenu folle.
– C’est à cette date que l’intelligence a dû se réveiller. On fait un deuxième passage.»
Mais l’intelligence végétale ayant englobé la quasi totalité de la jungle, les signaux qu’elle émettait était trop puissant pour qu’elle soit repéré.
« Ou est ce que les incidents ont commencé ?
Eléonore afficha la carte de la planète et montra un point.
« Ici.
– Donc l’intelligence végétale doit être proche de ce point. On va s’y poser.»
Quelque instant plus tard le vaisseau se posa à l’endroit indiqué.

Le vaisseau arbre brûlait lentement dans l’atmosphère de Varnilde. L’escadre d’Alexander quitta rapidement le lieu de l’incident.
« On met le cap sur la capitale. Activez vos boucliers. »
Quelques minutes suffirent pour les vaisseaux pour arriver à leur but. Ils survolaient maintenant la capitale de Varnilde. La DCA commença ses tirs. Mais les vaisseaux protégés par leur bouclier magnétique ne subirent aucun impact. Par contre Alexander donna l’ordre de tirer sur les installations militaires. Les bombes s’abattirent sur les casernes et les bases qui entouraient la capitale.
Les vaisseaux se posèrent sur l’astroport sauf celui d’Alexander. Le fils aîné des Hagen le fit diriger vers le palais de son père. Il tenait à l’affronter et à le tuer de sa main.

Le petit groupe progressait au milieu de la jungle se frayant un chemin au couteau laser. Les branches tentaient de les stopper comme si elles avaient une volonté propre. Des arbres s’abattaient devant eux alors que rien ne le laissait présager. En plus il fallait compter avec la faune hostile de la jungle. Mais pour ce détail Sheila utilisait ses pouvoirs empathiques qui calmaient toutes velléités d’attaques chez les prédateurs les plus féroces.
Ils avaient survolé l’endroit plusieurs fois avant de se poser. Ils avaient repéré un arbre plus gros que les autres. Et c’était vers lui qu’ils se dirigeaient. Ils n’étaient plus maintenant qu’a quelques mètres. Mais la progression dans la jungle était lente.
Soudain un grand fracas domina le silence de la jungle. Et des golems apparurent devant le petit groupe. Sheila lâcha contre eux ses créatures pourpres. En quelques secondes ils perdirent leur coloration verte pour prendre une teinte laiteuse et s’affaisser sur le sol.
Le petit groupe n’eut pas d’opposition et se trouva au pied de l’arbre. Sheila lâche encore une fois son essaim de petit mammifères volants. Les petites créatures déversèrent leurs enzymes défoliant sur l’arbre qui mourut en quelques minutes. L’intelligence végétale n’était plus qu’un souvenir.

Le vaisseau d’Alexander se posa sur l’astroport familial des Hagen. Il donna des ordres à ses troupes. Les hommes d’armes débarquèrent et prirent position autour de l’astronef. Alexander débarqua accompagné de ses lieutenants et de quelques hommes de main. Les troupes des Hagen commençaient à s’approcher du vaisseau indésirable. Les hommes d’Alexander ouvrirent le feu. Les soldats s’écroulèrent tandis que Alexander entamait sa marche triomphale vers le palais de son père. Les hommes de main abattaient tous les soldats Hagen qui osaient se présenter. Alexander entra dans le palais. Christopher se présenta devant lui.
« Mon fils. Je n’aurais pas cru qu’un dégénéré de ton espèce aurait eu un tel cran.
– C’est toi le dégénéré père. Tu n’as jamais rien eu d’humain. Toute ta vie tu n’as été qu’un porc et tu vas mourir comme un porc. Je suis désormais le chef de la maison Hagen.»
Alexander dégaina son arme et tira froidement sur son père. Christopher handicapé par son obésité ne put esquiver le tir et s’effondra sur le sol.
« Maintenant tu es mort comme tu as vécu, père.»

Epilogue.



Ce n’est que vingt ans plus tard que la prophétie prit corps. Chan Bastion était devenu un jeune diplomate aguerri. On disait qu’il était un des plus doués de sa génération. C’est à lui que l’on s’adressa pour réunifier les deux empires. Depuis cette date il n’y a plus qu’un seul empire. 

La voie paradoxale épisode 9

Episode 9


La banquise s’étendait à perte de vue. Seul tranchait sur le blanc immaculé la silhouette massive de la Cathédrale Alpha. Des milliers de petits glisseurs attendaient les pèlerins.
Sheila et Idriss s’étaient mêlé à un petit groupe. Ils embarquèrent dans le glisseur vétuste qui devait les conduire à la cathédrale. Le monument se rapprochait de plus en plus.
Les deux protecteurs de l’élu avait revêtu la robe réglementaire porté par les pèlerins de l’Eglise de la Divine Incarnation Naturelle.
« C’est la première fois que vous faîtes le pèlerinage, leur demanda un homme
– Oui, répondit distraitement Idriss
– Comment cela va se passer ? questionna naïvement Sheila.
– Vous devrez suivre les Fils de l’Arbre. Ils vous guideront pendant les cérémonies.»
Au bout de quelques instant ils posèrent le pied sur le débarcadère et passèrent la porte impressionnante de la cathédrale.
« Qu’est ce qu’on fait maintenant? demanda Idriss.
– On attend une intersection entre deux couloirs et on en profite pour fausser compagnie au groupe.»
Ils n’eurent pas à attendre longtemps. Une fois dans le couloir ils se débarrassèrent de leurs encombrantes robes.
« On ouvre l’oeil, dit Sheila. Il ne faut pas oublier que l’on ne sait pas ce que l’on cherche.»
Ils durent à nouveau bifurquer dans un nouveau couloir pour éviter un groupe de moines. Ils arrivèrent bientôt dans une pièce plus vaste d’où partaient plusieurs couloirs. Ils en prirent un au hasard. Malheureusement devant eux se matérialisa un groupe de moine, sans doute les fameux Fils de L’Arbre dont avaient parlé les pèlerins. Ils s’avançaient sans un mot vers Idriss et Sheila. Ces derniers purent distinguer leur traits, même si ceux ci étaient à demi dissimulé par le capuchon de leur robe. Leur peau était légèrement verdâtre. Sheila n’eut aucune peine à reconnaître ces personnages. Ils ressemblaient traits pour traits à la créature étrange qu’elle avait aperçut dans l’entrepôt.
Sheila passa sa main dans ses cheveux et envoya un phasme venimeux. Pendant ce temps Idriss dégaina sa flûte et entama une série d’harmoniques mortelles. Sheila décocha un autre de ses projectiles vivants. L’un des moines tomba. Les survivants ouvrirent la bouche avec une étonnante synchronicité. Ils vomirent lentement une vapeur verte vers leurs deux assaillants.
Aussitôt Sheila ordonna à l’un de ses nombreux symbiotes d’absorber le gaz. Les projectiles de Sheila et les harmoniques d’Idriss firent merveille bientôt les moines chancelèrent l’un après l’autre.
Sans perdre de temps, Sheila et Idriss reprirent leur progression. Bientôt ils découvrirent un escalier s’enfonçant dans les entrailles de la cathédrale. Ils arrivèrent bientôt devant une porte. Sheila confia à un petit insecte le soin de crocheter la serrure. Décidément, l’arsenal des guerriers écologiques s’avérait plein de surprise pensa Idriss.
Ils se trouvaient devant une immense salle. Au centre trônait un arbre gigantesque. Tels des fruits, des homoncules verts de diverses tailles, allants de celle fœtus jusque à celle de l’homme adulte pendaient de ses branches.
« Mon dieu, dit Idriss, nous devons détruire cette horreur.»
Le lézard volant que Sheila portait en guise de collier s’envola et s’approcha de l’arbre. Il cracha une gerbe de flammes. L’arbre prit feu. Les deux compagnons partirent par le chemin qu’ils avaient emprunté à l’aller. Une certaine agitation régnait dans la cathédrale. On entendait des bruits de pas précipités dans toutes les direction. La fin de l’arbre cauchemardesque avait sans doute provoqué un début de panique chez les moines.
Bientôt Sheila et Idriss se trouvèrent face à un groupe de Fils de l’Arbre au détour d’un couloir. Idriss commença à entonner quelques notes tandis que Sheila les criblait de projectiles vivants. Les deux compagnons commençaient à avoir le dessus. Mais ils entendirent des bruits de pas précipités derrière eux. Un autre groupe de moine arrivait. Ils étaient bien une dizaine pensa Idriss. Sheila et Idriss décidèrent de s’occuper chacun de l’un des groupes. Mais bientôt d’autres moines arrivèrent. Les deux combattants se consultèrent du regard et plongèrent vers la fenêtre pour échapper à folle ruée des moines.

Eléonore avait à nouveau fait le même cauchemar, mais ce matin là, elle se souvint d’un détail. Après son sauvetage, les guerrières dans le glisseur faisaient allusion à un mystérieux centre et à d’anciens documents. Peut - être que c’est dans ce mystérieux centre que se trouvaient les plus anciennes archives d’Opaline. Restait à savoir où il se trouvait. En tout cas le lieu n’était guère éloigné du lac gelé où elle avait vécu cette terrible expérience. Puis elle se souvint du rocher aux formes bizarres qui la toisait depuis la rive. Ce rocher était là sur une plaine dépourvue du moindre relief. Il était artificiel et servait à dissimuler le centre où étaient dissimulées les véritables archives de la planète.
Elle se confia à Theudas.
« Et comment allons nous, nous y introduire.
– Par la porte comme des grands. Il faut simplement demander l’autorisation de consulter les documents.
– Ce centre est secret. Donc ce n’est pas aussi simple.
– Nous avons en charge la sécurité de l’élu. Les documents concernant la Sorcière Génétique nous permettrons de mieux le protéger. Donc les autorités d’Opaline ne peuvent s’opposer à notre intervention.
– Tu crois que ça va marcher ?
– On ne risque rien à tenter le coup.»
Theudas était dubitatif. Mais il laissa Eléonore exécuter son plan. Si il échouait, l’on pourrait envisager une autre manière. Mais Theudas espérait malgré tout que le plan insensé d’Eléonore fonctionne sans accrocs. Il valait mieux avoir la coopération des autorités opalinienne. Si ils étaient obligés d’user d’une autre méthode, ils seraient peut - être obligé de quitter l’abri sur que représentait Opaline.
Eléonore revint quelques heures plus tard porteuse de bonne nouvelle.
« Ils nous autorisent à pénétrer dans le saint des saints.»

La petite flottille était prête à appareiller. Alexander en prendrait le commandement. Avant de partir il fit ses dernières recommandations à l’Homme au masque blanc. Son organisation était entre de bonnes mains, même si elle devait changer de nature. Mais Alexander savait bien que le passé était mort. Désormais c’était l’héritier de la maison Hagen, qui revenait en conquérant sur ses terres. L’Empire Originel n’avait que trop toléré Christopher et ses frasques sanglantes. Le fief devait passer entre les mains d’un humain dans tout les sens du terme.
Khalid Jester avait tenu à accompagner son ancien chef dans sa croisade. Alexander avait accepté. Il savait que son ancien bras droit ferait un excellent conseiller.
La petite centaine de vaisseau s’ébranla. Ils atteignirent les uns après les autres le point de téléportation. Bientôt Alexander serait sur Varnilde.

Contrairement à ce à quoi ils s’étaient attendus les archives du centre étaient mal classées. Ils durent fouiller longtemps dans des locaux sombres. Ils compulsèrent de vieux dossiers rangés depuis longtemps sur des étagères poussiéreuses. Ils visionnèrent de vieux cristaux de données. Enfin ils découvrirent des données suffisamment vieilles pour être intéressantes.
On parlait de la Sorcière Génétique, un ordre religieux féminin qui agissait dans le plus grand secret. Il semblait que l’ordre en question s’était créé pour combattre quelque chose. Dans les documents que Theudas et Eléonore avait compulsé il était aussi question des Ingénieurs de la Voie Paradoxale. On parlait d’une intelligence végétale qui représentait un certain danger pour les projets de la Sorcière Génétique. Le nom de la planète Cerdandi revenait souvent. C’était là bas que se trouvait cette intelligence végétale.
Les Opalinienne était issue d’un groupe dissident de la Sorcière Génétique qui souhaitait détruire l’intelligence végétale. Elles arguaient à l’époque que cette intelligence devenue autonome était trop puissante. Elle faisait planer un danger sur la galaxie et essaierait sans doute de la contrôler. Il fallait la détruire sans attendre qu’elle n’interfère avec les projets de l’ordre. Mais l’ordre pensait que tant que ses projets n’étaient pas menacés directement il ne valait mieux pas s’en occuper.

dimanche 29 mars 2020

La voie paradoxale épisode 8

Épisode 8


Elle guidait sa monture à travers la toundra. La créature était un félin doté de gros yeux à facette qui lui donnait l’air un peu étrange. L’amazone et sa monture arrivèrent au bord d’un lac gelé. La femme décida de s’y engager. Mais bientôt elle devait regretter son choix. La glace avait fondu autour d’elle. Elle était isolée sur un bloc de glace alors qu’autour d’elle le lac redevenait peu à peu liquide. Elle cria de désespoir.
Elle se réveilla en sursaut. Ce n’était pas la première fois qu’Eléonore faisait ce cauchemar. Theudas venait d’entrer.
« Un certain David Bastion vient d’appeler. Il affirme être chargé par une émissaire de la Sorcière Génétique de conduire Idriss et Sheila à la cathédrale Alpha. Il semblerait qu’ils aient une mission à y remplir.
– David Bastion ? C’est le nom du contrebandier qui nous a conduit de Memphis à ici.
– Et également celui du père de l’élu. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de coïncidence qui n’en sont pas. En tout cas tu es capable de le reconnaître et c’est tout ce qui compte.»

Éléonore s’habilla en hâte et suivit Theudas. Il la conduisit devant l’écran d’une console de communication. Un visage se découpait sur l’écran tridimensionnel.
« C’est bien lui. Aucun problème. Au fait tu as bien parlé de la cathédrale Alpha ?
– Oui, pourquoi ?
– Idriss m’a posé des questions à propos d’une cathédrale sculptée à même la montagne sur une île au milieu de la banquise. Je comprends mieux maintenant. Je n’avais pas fait le rapprochement.»
Theudas alla chercher Idriss puis Sheila.
« Il semblerait qu’une mission vous attende. Un nommé David Bastion est chargé par la Sorcière Génétique de vous conduire à la cathédrale Alpha. Il semblerait que vous ayez quelque chose à y faire.
– La cathédrale Alpha, c’est quoi ?
– Un lieu de pèlerinage sur Lanteim. Un grande cathédrale sculptée dans la montagne au milieu d’une des mers de glace.
– Je n’ai jamais entendu parler d’une planète nommé Lanteim.
– Et pour cause c’est dans les Amas Francs, intervint Sheila
– Un pèlerinage ? Quelle religion ?
– Un culte obscur d’adorateur de la nature si je me souviens bien, dit Theudas.
– Qu’est ce qu’on doit faire là bas ?
– Ça vous n’avez qu’à lui demander, dit Theudas en désignant l’écran holographique.
– Je n’en sais rien moi même, dit la voix de David sortant de la console. Je pense que vous aurez des précision pendant le voyage. Les sœurs de la Sorcière ont des méthodes tordues et adorent les manipulations. Donc il vaut mieux ne pas poser de questions, les réponses arrivent quand on ne s’y attend pas.»
Idriss et Sheila préparèrent leurs affaires et sortirent.
Theudas resta seul avec Éléonore. Mei Lin et Chan dormaient encore.
« Est ce que tu pourrais me conduire aux archives d’Opaline ?
– Pourquoi ?
– J’ai l’impression que la Sorcière Génétique est liée aux fondatrices de ce monde. Et j’aimerais en savoir plus.»

Plusieurs dizaines de vaisseaux étaient rassemblés sur un petit astroport privé sur Balbula. Sur ce qui semblaient être le vaisseau amiral de cette petite flotte Stephen Hagen observait par la vitre du poste de pilotage la petite foule de mendiants qui se rassemblaient autour du tarmac. Ils étaient plusieurs centaines. A ses cotés le chef des mercenaires était inquiet.
« Tous ces mendiants autour des pistes ce n’est pas normal.
– Que peuvent - ils faire contre toutes notre puissance de feu ? ils n’ont rien à nous opposer, répondit le cadet du clan Hagen. Ils ne manifestent aucune hostilité à notre égard. Pour l’instant on ne fait rien.
– Vous n’avez pas peur qu’ils se montre dangereux ?
– Nous avons suffisamment de canons dans dans ce cas.»
Le capitaine mercenaire observait la foule gueuse à la jumelle. Les pauvres hères semblaient s’affairer dans d’étranges préparatifs. Le mercenaire tendit les jumelles à Stephen.
Le fils Hagen regarda à son tour.
« Des frondes ? Que peuvent ils faire contre nous avec des frondes ? C’est pitoyable.
– On les laisse faire.
– Oui. J’ai envie de m’amuser un peu. Ce spectacle ridicule m’amuse au plus haut point.»
Les mendiants faisaient maintenant tourner leurs frondes. Les projectiles mystérieux dont ils les avaient équipé faisaient mouche à tout les coups.
« Ils ne nous ont fait aucun dégât vous voyez.
– Écoutez quel est ce bourdonnement ?»
Ils ne se posèrent la question que quelques secondes. Un nuage de petits insectes les enveloppa entièrement. Stephen se rendit compte trop tard qu’il s’agissait d’insectes carnivores originaires de la planètes Barkhane. Il comprit que les mendiants avaient envoyé de petites ruches de ces insectes grâce à leur fronde. Ils avaient sans doute visé les prises d’air du vaisseau encore ouverte puisque celui ci était au sol. Bientôt il ne resta plus rien de Stephen et du capitaine mercenaire.
A quelques mètres de là les mendiants observaient la scène. L’un d’eux sortit une paire de jumelles et regarda comment l’attaque se passait.
« Tout à l’air d’aller bien, nos guêpes carnivores font merveilles. Nous pouvons appeler Alexander et l’informer du succès de l’opération.
– Ce n’est pas tout à fait terminé. Il nous reste encore à investir les vaisseaux.»
L’un des hommes en haillons distribua des pulvérisateurs.
« C’est bien dommage de se débarrasser d’alliés aussi efficaces, mais nos petites guêpes ne font malheureusement pas la différences entre bons et méchants.»
Et les gueux se lancèrent à l’assaut des vaisseaux.

Eléonore avait refait le cauchemar de la veille. Ce cauchemar était la réminiscence d’un souvenir bien réel. Elle s’en souvenait encore. Elle avait été chargé d’une patrouille en solo, pendant sa période d’instruction, dans le grand nord d’Opaline. Elle avait engagé sa monture sur le lac gelé. Au dehors la température devait avoisiner les moins vingt. Elle avait été surprise de voir la glace fondre autour d’elle, lorsqu’elle avait atteint le centre du lac. Curieusement elle n’avait pas eu à attendre longtemps les secours puisqu’un glisseur de patrouille l’avait récupéré dix minutes plus tard. Elle se souvenait encore du paysage, la toundra qui entourait le lac, les accidents du terrain, le rocher bizarre qui avait semblé la toiser sur la rive opposée.
Elle ne savait pas pourquoi, c’était les allusions faites par Theudas aux fondatrices d’Opaline qui avait déclenché le cauchemar. Elle se leva comme si de rien n’était et rejoint Theudas dans la grande salle.
Ils devaient se rendre aux archives de la planète.
« Je me demande si c’est bien prudent de laisser Mei Lin et Chan seuls.
– Christopher Hagen n’a pas d’agents sur cette planète, on en est sur. Donc je ne vois pas où est le problème, répondit Theudas.
– Mais est ce bien, Hagen notre ennemi ?
– Mais pour l’instant notre ennemi a besoin de Hagen pour agir, donc cela revient au même.»
Ils prirent la direction de la grande bâtisse qui abritait les archives. Ils passèrent la matinée à consulter les catalogues. Mais ils se rendirent compte bien vite qu’il n’y avait aucun documents antérieurs à une date située trois siècles après la colonisation de la planète. Theudas fut déçu de n’en savoir pas plus.

Alexander se trouvait assis à son bureau. Il attendait un invité. Ce dernier arriva comme convenu au milieu de la matinée. L’homme au masque blanc - puisque c’était lui qu’attendait Alexander - s’assit sur le siège situé en face de son vis à vis.
« Il est temps que nous concrétisions les termes de notre accord, dit Alexander.
– Vous avez décidé de devenir le chef de la maison Hagen.
– J’ai décidé d’attaquer Varnilde, de détrôner mon père et d’occuper mon rang. Le parrain de Shitanni est mort. Je suis désormais quelqu’un d’autre. Il est temps que vous honoriez votre part du contrat.
– Il s’agissait de reprendre votre réseau et de l’incorporer à mon organisation, si je me souviens bien.
– C’est bien cela.
– Considérez que c’est fait.»
L’homme au masque blanc dirigeait une organisation de renseignement privée. Elle vendait ses informations au plus offrant. En tout cas sur le papier, car l’homme au masque blanc choisissait soigneusement ses clients. On racontait même qu’il fournissait gratuitement des informations à l’Empire Originel.
Les deux hommes s’étaient rencontrés plusieurs années auparavant. Ils avaient signé un accord. Alexander savait tôt ou tard qu’il devrait passer la main. Certes il avait confiance en certains de ses lieutenants comme Khalid Jester. Mais il préférait les garder auprès de lui dans ses nouvelles fonctions. En échange l’homme au masque blanc lui fournissait les informations dont il avait besoins et l’aidait à démasquer les agents envoyés par son père.
« Vous m’avez bien servi, dit Alexander. Notre collaboration a été fructueuse. Je propose que nous arrosions l’évènement.»
Alexander sortit une bouteille de vin et des verres.
Alexander leva son verre.
« A notre collaboration. En espérant qu’elle donnera encore de beaux fruits.»
Ils burent.
Lorsque l’homme au masque blanc se retira, ce fut au tour de Khalid Jester d’entrer.
« Les hommes du roi des gueux ont mené l’attaque avec succès. Ils se sont emparés des vaisseaux et n’attendent que votre signal pour décoller.
– Parfait. Combien d’autres vaisseaux as-tu pu rassembler ?
– Une vingtaine. Des croiseurs de vieux modèles que j’ai réussi à acheter auprès d’un marchand d’astronef des Amas Francs.
– Les vaisseaux récupéré par les hommes du roi des gueux sont notre meilleur atout. Dès que les vaisseaux que tu as acheté sont en orbite autour de Shitanni, je déclenche le signal de l’attaque.
– Au fait les fils de la sorcière ont livré les animaux comme prévu.
– Tout marche parfaitement. La roue tourne.»

Le petit vaisseau arriva en vue de Lanteim. C’était une planète couverte de neige et de glace. Vue de l’espace on aurait dit une énorme boule de neige. Seule les tâches noires des toundra qui couvraient l’hémisphère où régnait l’été tranchait sur le blanc immaculé.
« Au fait demanda, Sheila, c’est quoi la Cathédrale Alpha.
– Un lieu de pélerinage, dit David Bastion.
– Quelle religion, intervint Idriss qui parti en catastrophe n’avait pas eu le temps de consulter des sources encyclopédiques sur l’endroit.
– C’est un culte qui prône la divinisation de la nature. Ils adorent un dieu arbre qui dans leur cosmogonie se trouverait sur une planète sacrée et qui protègerait la galaxie des forces du mal. C’est une religion très minoritaire. Je n’en connais pas l’origine. Les fidèles se trouvent surtout dans les Amas Francs. »
Le vaiseau commença sa descente vers la planète. Ils furent bien vite en vue de l’astroport.
« Et maintenant ? demanda Idriss
– Ils vous faut prendre un glisseur de transport en commun jusque à la banquise et ensuite tout est prévu jusque à la cathédrale.»
Le glisseur les conduisit à la banquise. Et la une foule de petits glisseurs attendaient et au loin on devinait une silhouette massive gigantesque tour gothique sculptée à flanc de montagne.


Idriss constata que tout était comme dans sa vision. 

La voie paradoxale épisode 7

Épisode 7




Alexander Hagen avait installé son quartier général dans un entrepôt désaffecté, dans les bas fonds du Grand Bazar. C’est de cette base qu’il contrôlait l’expansion de son empire criminel à travers la galaxie. L’argent affluait dans ses caisses et plus de cent banques sur autant de mondes avait un compte indexé à l’un des multiples prête - noms du rejeton prodigue de la maison Hagen. Cet argent était le salaire de la vengeance. Un jour il lui permettrait de tuer ce père auquel il vouait une haine féroce.
Il s’en souvenait encore. il n’avait que quinze ans. Christopher Hagen était déjà Hagen le porc. Un homme sans morale qui avait droit de vie et de mort sur les citoyens de Varnilde. Christopher avait découvert ce jour là que sa femme - la propre mère d’Alexander- le trompait. Il l’avait faite arrêter et l’avait livrée aux arènes. Alexander avait été contraint de regarder le spectacle de sa mère dévorée par les bêtes sauvages. C’est ce jour là que le projet de tuer son père lui vint pour la première fois. Alexander était un gamin chétif, contrairement à son cadet Stephen, dont il devait supporter les brimades. Aussi fut - il contraint de différer ses projets de vengeance. Les années avait passé. Christopher avait banni Alexander, trop dégénéré à son goût pour faire un héritier présentable. Et aujourd’hui, sa fabuleuse fortune lui permettrait d’assouvir son projet... un jour.
Oui mais quand ? Alexander se savait surveillé par des agents à la solde de son père. Certes chaque fois qu’il en avait identifié un, il l’avait fait éliminer. Mais son père chaque fois qu’il l’avait put avait porté des coups violents à son organisation et même il l’avait parfois su trouver les mots et les moyens de pressions pour utiliser à son profit ce fils haineux. Un jour, il y aurait une occasion...
Un bruit de pas le fit sursauter. il se retourna et vit Khalid Jester, son bras droit.
« Je reviens de Baltoi, j’ai supervisé l’intégration des hommes du roi des Gueux. Tout s’est magnifiquement bien passé. Aucun coup fourré. Un vrai miracle. C’est comme si le vieux avait tout prévu avant de mourir.
– Je t’avais dit que tout se passerait bien.
– Excusez moi de vous interrompre, dit un des hommes d’Alexander, mais un groupe de mendiants prétend vouloir vous proposer une affaire. Dois - je les renvoyer ?
– Surtout pas. Je suis curieux de voir ce que ces gens ont à me proposer.»
Il y avait trois hommes vêtus de haillons. L’un d’entre eux tenait une petite cage dans laquelle se trouvait un petit animal au museau pointu.
« Alors qu’avez vous à me proposer ?»
L’homme qui tenait la cage fouilla dans une de ses poches et en sortit un petit flacon. Il ouvrit la cage. Il ouvrit la bouche de la petite créature qui dévoila une paire de dents en forme de crochet pointu. Elle referma sa mâchoire sur le verre, où perla un liquide doré.
« L’essence des dieux, une drogue mythique. Voilà ce que nous avons à vous proposer.

– Ainsi elle existe murmura Alexander.»
Bien entendu il en avait entendu parler. Mais ce n’était qu’une des nombreuses légendes qui avaient cours à travers la galaxie. Cette drogue avait les effets de toutes les autres réunies. Et elle ne provoquait pas d’accoutumance. Il devait l’avoir à tout prix.
« Quelles quantités ? Et combien.
– Nous sommes prêts à vous céder une dizaine de ces créatures ce qui devrait suffire à produire assez de drogue pour votre consommation personnelle. Quant au prix, il ne s’agit pas d’argent, mais plutôt d’un service.
– Parlez...
– Eh bien, Christopher Hagen a recruté quelque mercenaires sur une planète nommée Balbula. Il a aussi acheté des croiseurs de combat. Il compte attaquer Alma Mater.
– Les forces impériales ne devraient pas avoir de mal à le repousser.
– En théorie oui. Mais nous pensons que s’il tente le coup c’est qu’il a un atout dans la manche. Il n’est pas suicidaire. Il connaît très bien la force de la flotte. Nous ne voulons pas que ses vaisseaux décollent de Balbula.
– Vous pouvez compter sur moi.»
Enfin l’occasion est là pensa - t -il. Pour une fois il était au courant des projets de son père. Il allait pouvoir les contrer.
« Khalid, je pense que nous devrions confier cette mission aux hommes du roi des Gueux. Nous verrons si leur loyauté nous est vraiment acquise.»
Pour la première fois depuis longtemps il sourit. Enfin la chance était de son coté. Et certains plans qu’il mûrissait depuis des années allait enfin voir le jour.

Chez Moon Saulk était la station spatiale à la mode. Il faut dire que le maître des lieux avait eu la bonne idée de réunir la plupart des jeux d’argent pratiqués aussi bien par les humains que par les non humains.
David Bastion aimait s’y rendre entre deux contrats. Il faut dire que l’endroit était propice à la conclusion d’affaire louche et que la contrebande y avait sa part. David était attablé au bar et observait la salle de jeu où un groupe de non humains disparate manifestait bruyamment en signe de victoire. Il fit glisser lentement son regard autour de lui et c’est alors qu’il la remarqua. Elle n’avait pas changé. Elle avait toujours l’air de cette fille de vingt ans qu’il avait aimé autrefois sur Verdor. Elle aurait du paraître le même âge que lui. Il se souvenait de son prénom, Myriam. Il se souvenait quand ils se retrouvaient tous les deux dans les champs d’herbes - colosses aux feuilles gigantesques. Elle avançait dans la salle et se dirigeait vers le bar.
David détailla ses vêtements : Elle portait une robe marron d’apparence stricte. Ses cheveux était dissimulés sous un voile. Il en cru à peine ses yeux quand elle s’installa auprès de lui.
Il n’osa pas lui adresser la parole. Mais il n’eut pas à le faire car c’est elle qui prit l’initiative de la conversation.
« David Bastion, dit -elle, la Sorcière Génétique a besoin de vous.
– La sorcière génétique, la déesse des mendiants ?
– La Sorcière Génétique est un ordre religieux qui prépare la venu de l’élu. Nous avons créé un programme de sélection qui doit déboucher sur son apparition.
– Vous m’avez manipulé ? Sur Verdor, vous ne m’avez jamais aimé, je n’étais qu’un sujet d’expérience.
– Vous avez été plus que cela. Vous êtes le dernier maillon d’une chaîne. Mais il fallait bien que vous assumiez le destin que nous avions prévu pour vous. Nous avions étudié votre profil psychologique et une déception amoureuse était sans doute le meilleur moyen que nous avions pour vous entraîner là où nous voulions. »
Les paroles de Myrian avait réveillé une douleur ancienne. Il se souvenait de ce jour où elle n’était pas venu à leur rendez vous. Il avait éprouvé cette envie de tout plaquer et avait pris le chemin de l’espace. Il avait erré dans toute la galaxie au grès des engagements, jusqu’à ce qu’il ait assez d’argent pour s’acheter un vaisseau.
« Pourquoi ?
– Vous deviez être le père de l’élu.
– Quoi !!!!
– Vous avez un fils et il est bien l’élu qui réunira les deux empires.
– Avec cette fille de l’Empire du Milieu ? La mémorialiste ?
– Oui, évidemment.»
Depuis qu’il avait quitté Kouen Louen, il n’avait eu aucun mal à trouver des contrats qu’il avait conduit aux quatre coins de la galaxie. Il avait une folle envie de revoir Mei Lin, mais ses engagements l’avait conduit à l’autre bout de la galaxie. Mais sans doute les soeurs de la Sorcière Génétique ne souhaitaient pas qu’il retrouve sa compagne.
« Nous souhaitons que ameniez deux personnes : un homme et une femme à la Cathédrale Alpha.»
La Cathédrale Alpha était un lieu de pèlerinage pour les fidèles d’une religion minoritaire dont le nom lui échappait. Elle se trouvait sur une petite planète, dans un îlot au milieux de la banquise. Il ne s’y était rendu qu’une fois, mais pas pour une affaire religieuse.
« Pour cela vous devez vous rendre sur Opaline, et embarquez ces deux personnes. Ils s’appellent Idriss Haleck et Sheila Balol. »
Il n’était qu’un jouet dans les mains de cette femme. Dieu sait l’âge qu’elle pouvait avoir. Il n’avait pas le choix. Il se doutait bien que la Sorcière Génétique avait de toutes façons les moyens de l’obliger à exécuter sa mission.
« Vous pourrez revoir votre fils et votre compagne, si vous obéissez à nos instructions, sinon vous risquez d’errer longtemps dans la galaxie.»
Il n’avait pas le choix. Il exécuterait la volonté de la Sorcière Génétique, mais ce serait la dernière fois.

C’était un endroit que peu de gens connaissait. Dans les bas fonds du Grand Bazar se trouvait une salle discrète où étaient organisés des combats illégaux. Shitanni étant la plaque tournant de nombreux trafics, les pontes du crime organisé étaient les principaux spectateurs de ce genre de spectacles.
Charles le Gros était un des principaux rivaux d’Alexander. Il méritait assez bien son sobriquet. C’était un homme obèse, qui peinait à tenir debout sans aide. Il possédait une loge pour assister aux combats de l’arène clandestine. Il était généralement entourés de sa cour d’affidés et de parasites. A ses cotés se tenait une très belle jeune femme.
Sur le ring, un combattant imposant s’avança. C’était un vrai monstre. Son regard bovin ne respirait pas l’intelligence mais plutôt une soif de destruction toute bestiale. Le présentateur cria.
« Voici le Destructeur, plus de cinq cent combats et jamais aucune défaite. Y - a - t -il un volontaire pour l’affronter.»
Un homme se leva. Il était plutôt jeune. A coté de son adversaire, il avait l’air plutôt frêle.
« il va se faire massacrer, dit Charles le Gros à sa charmante compagne.
– Sait -on jamais, répondit - elle en souriant, on a vu chose plus étonnante.»
Le combat commença. Le Destructeur fonça sur son adversaire. Mais ce dernier, agile esquiva la charge brutale du Destructeur. Celui - ci tenta de porter un coup de poing. Mais il fut trop lent. Le jeune homme l’évita d’un bond. Le Destructeur fut pris d’une rage folle et porta un nouveau coup qui atteignit le jeune homme au plexus. Malgré la douleur celui - ci se releva.
« Nous allons passer aux choses sérieuses, lança - t - il à son adversaire.»
Des griffes métalliques fusèrent de ses doigts.
« C’est un cyborg», cria Charles le Gros, qui se leva enthousiasmé par le tour inattendu du combat.
Le cyborg fonça sur son adversaire le touchant de ses griffes une première fois. Mais de manière inattendue l’imposant combattant lui aussi était rapide. Sans doute prenait - il des drogues de combat pensa Charles. Le combat continua un bon moment entre les deux adversaires. Ils étaient de force égale et se neutralisait l’un l’autre. Les spectateurs hurlaient. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas vu pareil combat. Charles avait oublié son environnement immédiat et ne faisait guère plus attention aux occupants de la loge.
Le cyborg lança une dernière attaque. Le Destructeur était épuisé. Les griffes d’aciers rencontrèrent la chair grasse et le champion déchu chancela avant de s’écrouler lourdement sur le sol.
Simultanément la jeune femme de la loge avait sorti un objet d’un des pans de sa robe. Elle appuya sur l’interrupteur et brandit ce qui s’avéra être un éventail laser. Elle abattit l’arme sur le corps de Charles. Le parrain s’écroula. Les gardes du corps sortirent leurs pistolasers et commencèrent à tirer. Mais la courtisane Kiosha fut trop rapide pour eux, esquivant leurs tirs par des acrobaties savantes.
En quelques bonds elle fut dans une petite loge où se tenait un homme dont le visage était dissimulé derrière un masque blanc.
« Voici la somme convenue, dit l’homme au masque blanc, en tendant une liasse de billets à la jeune femme. Inutile de recompter la compte y est.»
La jeune femme s’éloigna.
Le rideau de la loge s’écarta derrière l’homme au masque blanc. Une femme entre deux âges apparut. Elle portait une longue robe et un voile dissimulait sa chevelure.
« J’ai rempli mon contrat, révérende mère.
– Maintenant que Charles le Gros est éliminé Alexander va pouvoir se consacrer exclusivement à ses projets de vengeance. Plus personne ne viendra s’interposer entre lui et son père.
– Charles le Gros était le principal rival d’Alexander, mais je ne vois pas en quoi, il présentait un danger.
– Il avait signé un accord avec Christopher Hagen, dans le but d’éliminer Alexander.
– Je dirige la plus puissante organisation de renseignement privé de la galaxie et je l’ignorait. Vos méthode dépassent les nôtres, révérende mère. J’ai été bien inspiré de m’associer avec vous.
– Pour la plus grande gloire de la Sorcière Génétique.»


Sur ce la révérende mère se retira laissant seul l’homme au masque blanc.

samedi 28 mars 2020

La voie paradoxale épisode 6

Épisode 6


« Ici vaisseau Alpha 123, demandons autorisation d’atterrir. Nous revendiquons le droit d’asile, dit la voix de Theudas.»
Opaline était l’une des planète qui accordait le droit d’asile sacré à tous les fugitifs qui le demandaient. Ce droit était rarement invoqué. Il y avait de nombreuses autres planètes qui accordaient ce droit parmi les mondes indépendants. Et Opaline, eut égard à sa réputation de planète la plus sure de la galaxie accueillait plutôt les personnalités de premier plan qui s’estimaient menacées.
Le petit groupe s’était embarqué sur le vaisseau de Sheila. Il était assez petit, mais le voyage était court.
« Vaisseau Alpha 123, vous pouvez vous poser.»
Le vaisseau entama sa descente vers la planète matriarcale.
A terre il furent accueillit par une jeune femme qui occupait le poste de commandant de l’astroport.
« Une de nos guerrières va vous conduire à vos appartement, leur dit - elle.»
De nombreuses jeunes femmes en arme patrouillait sur le tarmac. Parmi l’assistance se trouvait Eléonore. La chef de patrouille du secteur était une de ses camarades de promotion revenue depuis peu de son service mercenaire. Elle assista au débarquement du petit groupe. Soudain, un souvenir reflua en elle. La jeune femme au port altier qui venait de débarquer avec les deux hommes et l’autre femme, elle était sûre de l’avoir déjà vu. Ses mouvements la trahissaient. Elle reconnut la guerrière écologique qui avait essayé d’attenter à la vie de la princesse Isabeau. Bien sur elle n’avait jamais vu le visage de Sheila. Mais dans sa formation d’Amazone elle avais appris à reconnaître les individus d’après leurs gestes et leurs mouvements. Et ces mouvements gracieux et ondulants presque félins, elles les auraient reconnu entre mille. Elle murmura quelques paroles à son amie. Deux jeunes guerrières s’avancèrent vers le petit groupe et demandèrent à Sheila de les suivre.
« Écoutez dit Theudas, c’est sûrement un malentendu.»
Les deux jeunes femmes lui firent comprendre qu’elle ne souhaitait pas discuter. Sur ces entrefaites survint leur guide.
« Ça ne devrait pas être long, dit Sheila confiante, des formalités à régler rien de plus.»
Theudas était moins sûr du coté anodin de l’incident, mais il décida de jouer le jeu des autorités opaliniennes.

Sheila se retrouva dans une petite salle dans ce qui semblait être un poste de police. Elle comprit tout de suite dans quelle traquenard elle se trouvait quand son regard croisa la silhouette d’Eléonore.
C’est d’ailleurs cette dernière qui entreprit de mener l’interrogatoire.
« Vous avez essayé d’attenter à la vie de la princesse Isabeau, sur Alma Mater, il y a trois mois.
– Je ne nierais pas m’être introduit dans le palais impérial. Je devais commettre un assassinat, mais je savais pas qui était la cible.
– Vous croyez que je vais avaler ça.
– Ça m’est égal que vous me croyez ou non. L’essentiel c’est que je vous dise la vérité. Le commanditaire était Christopher Hagen. Je ne l’ai appris qu’après.
– Pourquoi êtes vous venu sur Opaline.
– Je protège quelqu’un. En fait un enfant.
– Vous n’avez aucune autres raison d’être ici ?»
Éléonore était convaincu que la guerrière écologique mentait effrontément. Elle devait savoir pour la princesse, sinon pourquoi serait - elle sur Opaline ?
« Reprenons depuis le début. Parlez moi de cette mission au palais.
– On m’avais chargé d’éliminer une personne. On m’avais juste dit dans quelle partie du palais elle résidait et où se trouvait sa chambre. On ne m’avait pas dit que je rencontrerais une telle résistance.
– Vous connaissiez pas son identité ?
– Non, je vous assure.
– Je ne vous crois pas.»
La porte s’ouvrit violemment et Theudas fit son entrée dans le poste de police. L’absence de Sheila durait depuis trop longtemps. Il s’en était enquis. Et on lui avait dit qu’elle avait été amené au poste de police. Il s’y était rendu.
« Écoutez quoi que vous pensiez et quoi que Sheila ait commis dans le passé cela ne compte plus. Comme moi elle est maintenant l’un des protecteurs de l’élu. Vous ne pouvez pas la garder ici.
– Je croyais que les protecteurs de l’élu était quatre, vous n’êtes que trois.
– ll nous manque un membre de la compagnie, oui. Et c’est une femme. Vous peut - être lança - t - il ironiquement en direction d’Eléonore. En tout cas elle vient avec moi. Cette mascarade n’a que trop duré. Au fait je souhaiterais avoir accès à un poste d’hyper-communication.
– On va vous en fournir un, ne vous inquiétez pas.»

Theudas et Sheila avançait dans le couloir.
« Que fait notre jeune Murano, demanda Sheila.
– Il consulte des banques de données encyclopédiques.
– Je peux venir avec vous ?
– Aucun problème, la conversation que je souhaite avoir n’est pas secrète.»
Theudas s’installa face à la console de communication. Il composa un code et le visage du colonel Azad s’encadra sur l’écran holographique.
« Bonjour, colonel, avez - vous ce que je vous ai demandé.
– J’ai des informations sur vos persécuteurs ou en tout cas une piste sérieuse. Avez vous entendu parler des Ingénieurs de la Voie Paradoxale.
— Non. Je ne connais pas cette organisation.
— Et pour cause ils ont disparu depuis au moins mille ans. On raconte qu’ils sont à l’origine du schisme de l’Empire. Ils ont créé toute une technologie fonctionnant à partir du végétal. Ils ont inventé entre autre des intelligences végétales. Dans une partie de l’Empire on a remplacé les IA traditionnelles par ces intelligences, ce serait la véritable raison du grand schisme.
Un hologramme représentant un humanoïde verdâtre que Theudas n’eut aucun mal à reconnaître apparut sur l’écran.
– Ils ont aussi créé des golems végétaux, continua la voix du colonel. Ils ont servi d’ouvriers non qualifiés, et même de soldat à cette époque. Et ils correspondent à peu près à la description de tes ennemis. Le problème, c’est qu’il ne sont pas censé être dotés d’une conscience. Voilà c’est tout ce que je peux t’apprendre.»
Sur ce ils prirent congés l’un de l’autre. Sheila avait le regard fixé sur l’écran holographique où s’affichait toujours le grotesque golem végétal.
« J’ai déjà vu cette créature, dit - elle, lorsque je suis tombée dans le piège tendu par Christopher Hagen, il était accompagné par l’une d’entre ellle.»
Cette information changeait la donne. Ainsi c’était les Hagen qui s’en prenaient à lui en utilisant ces créatures. Dieu seul savait comment Christopher leur avait donné la vie.

Eléonore entra dans le petit appartement qu’elle occupait avec la princesse dans la bâtiment destiné aux hôtes.
« J’ai fait la connaissance de notre nouvelle voisine, l’accueillit Isabeau. C’est une mémorialiste de l’Empire du Milieu. Il paraît qu’elle est la mère de l’Elu. Son enfant sera donc appelé à devenir mon successeur.
— Pas nécessairement. Il est dit seulement que l’Elu réunira les deux empires divisés au moment du schisme. Ce peut être un ministre, ou même un diplomate. Nul part, il n’est écrit que l’Elu deviendra empereur.»
Les propos d’Eléonore ne convainquirent qu’à moitié la jeune princesse. Eléonore ne resta que quelques instants laissant Isabeau seule.
La jeune princesse était mal à l’aise. Elle sentait une présence en elle. Quelque chose essayait d’entrer en contact avec elle. Elle avait essayé de résister, mais c’était toujours là.
La jeune princesse était fatigué. Une vois s’insinua dans son crâne, venue d’on ne sait d’où.
« Tu ne régneras jamais. Cet enfant sera le prochain empereur. Si tu veux régner, tu sais ce qu’il te reste à faire.»
La princesse sentait bien que ces pensées lui était étrangère. Il lui fallait résister. Mais la voix revenait à la charge, répétant sans cesse son monologue agrémenté de quelques variantes. Elle essaya de répliquer, égrenant des arguments de bon sens.
« La dynastie a fait son temps. De nouveaux maîtres vont régner. De noires puissances l’on décidé, répondit la voix.»
Elle se sentait prête à céder. Elle ne pouvait pas résister à cette force étrangère qui prenait le contrôle de son esprit.
«Tu dois le tuer.»
« Je ne peux pas faire ça pensa - t - elle.»
Elle ne devait surtout pas céder aux injonctions de la voix. Que pouvait - elle faire ? Elle essaya d’appeler Eléonore, mais elle se souvint que l’amazone était sortie avec quelques amies qu’elle n’avait pas vu depuis son départ de la planète. Elle était livrée à elle même. La vois égrenait sans cesse la même mélodie frelatée :
« Tu dois le tuer.»
Elle se vit soudain faire un geste. Elle ne se contrôlait plus. Elle s’empara d’un couteau laser, dans la cuisine de l’appartement. Elle essaya vainement de lâcher l’arme. Ce fut en vain. Elle fit un pas, puis un autre. Elle n’avait plus aucun contrôle sur ces mouvements. Elle se voyait faire des gestes qu’elle ne commandait pas. Elle était horrifiée. Elle vivait un véritable cauchemar. Puis son esprit vacilla. Et ce fut le noir complet.
Opaline avait beau être une planète sûre, Theudas avait décidé avec ses deux compagnons de faire des tours de gardes au cas où un intrus essaierait d’attenter à la vie de l’enfant. Idriss se tenait donc devant le petit lit, où Chan dormait à point fermé. Un grincement léger l’avertit d’une présence. Il s’empara de sa flûte. La porte s’ouvrit doucement et Isabeau apparu, telle une furie son couteau laser à la main. Idriss commença sa mélodie. Il entra en phase avec l’esprit de la jeune femme et commença à jouer. Il ne commença pas une mélodie mortelle, il voulait juste paralyser et neutraliser l’intruse pour pouvoir l’interroger ensuite. Les notes s’élevèrent pures, dans l’air. La jeune femme ne semblait pas vouloir céder. Quelque chose interférait avec son don d’empathie.
Ce fut à ce moment là que la porte s’ouvrit violemment. Il ne fallut que quelques secondes pour que la scène se joue. La jeune femme qui un instant auparavant brandissait la couteau au dessus du lit de l’enfant gisait maintenant sur le sol. Dans le chambranle de la porte s’encadrait la silhouette d’une femme d’environ vingt cinq ans, entièrement vêtue de noire. Dans sa main elle tenait un objet qui ressemblait à un boomerang. C’était Eléonore.
Theudas et Sheila furent réveillé par le bruit et se levèrent en sursaut. Au bout de quelques minutes la compagnie fut réunie dans la chambre de l’enfant.
« Qu’est ce qui se passe, cria Theudas.
– Ne t’inquiète pas tout est fini.»
Theudas lança un regard interrogateur à l’amazone.
« Elle n’était plus là lorsque je suis rentré. J’ai était prise d’un affreux pressentiment. Et je suis directement venu ici.
– Qui est - ce demanda Idriss, dirigeant son regard vers le corps étendu de la princesse.
— Tu ne lis donc jamais la presse, lui dit Theudas, c’est la princesse Isabeau.
Idriss se félicita de son choix qui lui avait fait opter pour une mélodie non mortelle.
— Pourquoi a-t-elle fait ça ? demanda soudain Eléonore.
— Je ne sais pas si c’est important mais quelque chose a interféré avec mon pouvoir empathique, dit le jeune Murano.
Sheila sembla se concentrer et parut soudain soucieuse. Un observateur aurait pu croire qu’elle entrait dans une sorte de transe.
— Il y a une sorte d’implant biologique implanté dans le cerveau.»
Eléonore comprit tout. L’attaque de la guerrière écologique n’était qu’une diversion. Elle n’était pas censé réussir. Pendant qu’Eléonore et Graon défendait les appartements de la princesse contre la guerrière, quelqu’un s’y était introduit pour lui poser cet implant.
Eléonore donna des ordres pour que la princesse soit conduite d’urgence à l’hôpital.
Theudas se retourna vers l’amazone et dit :
« Maintenant nous sommes quatre.»

Isabeau fut conduite à l’hôpital pour lui ôter son implant. Sheila insista pour l’accompagner arguant que ses pouvoirs d’empathe était à même de neutraliser l’implant pendant l’opération. Ce fut accepté au grand dam d’Eléonore qui ne lui faisait toujours pas confiance. L’attente fut longue.
Idriss la mit à profit pour faire plus ample connaissance avec Eléonore.
« En tant qu’Amazone, tu as du visiter une bonne partie de la galaxie.
– Une dizaine de planètes tout au plus.
– As - tu entendu parler d’une immense cathédrale sculptée au flanc d’une montagne, qui s’élève au dessus d’une banquise.
– Cela ne me dit rien. Pourquoi ?
– Pour rien. Parlons d’autre chose comment se passe la vie sur Opaline ?
– Comme partout. Quoique, j’ai toujours trouvé cette planète un peu déprimante.
De l’étage où se trouvait leur appartement, ils pouvaient voir au delà des limites de la ville l’immense lande qui l’entourait.
– Des landes, des prairies, des toundras, reprit l’Opalinienne, quelques forêts, mais trop peu à mon goût.
– Il n’y a que des femmes ici ?
– Seules les femmes ont la citoyenneté. En fait les hommes qui servent de géniteur à nos enfant sont des immigrants. Les travailleurs étrangers sont les seuls hommes qui sont autorisés à rester sur la planète, si l’on excepte les réfugiés bien sûr.
– Un programme de sélection, oui c’est ça un programme de sélection.
– De quoi parles tu ?
– La sorcière génétique est en fait un programme de sélection et l’élu est son aboutissement. Lorsque tu m’as parlé des mœurs opalinienne ça m’as mis la puce à l’oreille. Au fait vous ne gardez que les filles ?
– Les garçons doivent quitter la planète à leur dix huitième anniversaire au plus tard.
– Comment tout cela a commencé ? Je veux dire l’histoire d’Opaline.
– Un vaisseau transportant les membres d’un ordre religieux féminin s’est écrasé et ce sont ces femmes qui ont bâti la civilisation opalinienne.
– Opaline est un élément du programme de sélection, explosa Idriss, Opaline est lié au mystère de la sorcière génétique.


– J’en était arrivé à peu près à la même conclusion, fit la voix de Theudas, qui entra dans la pièce à ce moment. Sheila vient d’appeler. Ils viennent d’ôter l’implant d’Isabeau. Il s’agit d’un implant végétal. Il semblerait que quelqu’un ait retrouvé les connaissances des Ingénieurs de la Voie Paradoxale.» 

vendredi 27 mars 2020

La voie paradoxale épisode 5

Épisode 5


La jeune femme déambulait dans la rue, sans vraiment faire attention à ce qui se trouvait autour d’elle. Soudain elle se trouva face à un groupe d’hommes qui lui barrait la route. La plupart étaient des hommes d’équipage des glisseurs géants qui traversaient les prairies de Kouen Louen. Ils brandissaient leurs armes - des épées pour la plupart - en direction de la jeune femme. Ils étaient ivres et avaient l’intention de la violer. Ils la poussèrent contre le mur.
« Vous devriez vous attaquer à un adversaire de votre taille, dit une voix féminine, derrière eux.»
La nouvelle venue était une femme vêtue de noir. Elle paraissait élégante malgré la simplicité de ses vêtements - une tunique et un pantalon.
Les hommes éclatèrent de rire ne prenant pas la menace de la nouvelle venue au sérieux. Mais cette dernières envoya un projectile en direction de l’un des hommes qui s’écroula sur le champ. Les deux bracelets qu’elle avait aux poignets quittèrent leur emplacement bientôt imités par les boucles d’oreilles et le pendentif qu’elle arborait également. Chacun des éléments de cette parure s’avéra être une créature vivante. La femme en noir silencieusement commanda aux créatures, leur donnant des ordres d’attaque. Bientôt plusieurs des hommes se tordirent de douleur sur le sol.
La clameur du combat avait attiré de nombreux badauds qui sortaient des tavernes et des bars proches. Certains dégainaient leurs armes et se joignaient à la bagarre quittant leur rôle de spectateur passif. Le nombre d’adversaire de la guerrière écologique augmentait dangereusement. Un homme la blessa d’un coup d’épée. Mais il assista médusé, à la cicatrisation de la plaie à une vitesse dépassant l’entendement humain. Un autre dégaina une arme à projectile et tira dans sa direction, mais la balle ricocha sur sa peau.
Une tête se détacha d’un corps. Un nouveau joueur venait d’entrer dans la partie. il s’agissait d’une homme élégant arborant un collier de barbe. On devinait sous ses vêtements amples, une armure légère. D’une main il brandissait une rapière, de l’autre un pistolaser. Ses mouvements souples trahissaient le combattant aguerri. Quelques mouvements rapides du poignets lui permettait de faire des passes d’escrime précises infligeant des blessures douloureuses à ces adversaires. Ceux ci battirent bien vite en retraite devant ces deux formidables combattants.
Ils ne furent bientôt plus que tout les deux, sur les champ de bataille déserté.
« Sheila Balol, se présenta la femme en noir.
– Theudas Gris, répondit l’homme.»
Ce dernier se dirigea vers la jeune femme agressée par la meute des hommes d’équipage.
« Vous allez bien, lui demanda - t - il.
– Ça ira, répondit - elle.»
Une petite créature au museau chafouin sortit bientôt de sous le col du manteau de la jeune femme. Le petit animal avait l’apparence d’un lémurien dont le corps aurait été couvert de chitine. Deux petites tentacules pendaient sous son ventre.
Theudas se retourna vers Sheila Balol.
« C’est une mémorialiste. Ce petit animal est un aide mémoire. Il emmagasine un nombre impressionnant de données dans son cerveau. Lorsqu’il pose ses tentacules sur la tête du mémorialiste, celui - ci à accès à ces données.»
Les intelligences artificielles avaient été bannis dans l’Empire du Milieu. Aussi les services administratifs de l’empire les avaient remplacé par les mémorialistes qui en symbiose télépathique avec leur aide mémoire tenaient lieu d’ordinateurs humains.
Theudas Gris avait débarqué sur Kouen Louen une dizaine de jours auparavant, attendant la suite des événements. Jusque ici il s’était ennuyé comme un rat mort dans cette petite ville provinciale sur laquelle il avait jeté son dévolu. L’épisode du matin lui avait permis de mettre un peu d’action dans cette nouvelle vie qui commençait à devenir monotone.
Il se tourna vers la jeune femme.
« Il vaudrait mieux que nous vous accompagnions, les rues de cette ville ne sont pas sûres.
– Je vais récupérer mon fils à l’hôtel où je l’ai laissé. Et après j’embarque sur un glisseur pour Xiangu, la grande ville de l’hémisphère sud. J’ai eu une mutation là bas, répondit la mémorialiste. Au fait je m’appelle Mei - Lin»
Chemin faisant Theudas conversait avec Sheila.
« Vous êtes une guerrière écologique, n’est ce pas ?
– Je ne saurais le nier.
– Je croyais que les guerriers écologiques avaient disparu.
– Nous venons rarement dans les deux empires. Nous nous contentons d’intervenir dans la République des Pleiades, les Myriades, ou la Confédération des cités planètes. En fait je suis devenue renégate il y a peu.
– Et vous êtes venue vous cacher sur Kouen Louen ?
– C’est plus compliqué que cela. Je m’apprêtais à quitter Alma Mater, lorsque j’ai été abordé par un vieux mendiant. C’est lui qui a aiguillé mon choix sur cette planète. Il m’a dit qu’une mission m’attendait ici, la plus importante de toute ma vie. Je me demande bien ce qu’elle peut être.
– Est ce que cela à un rapport avec l’élu ?
– Il ne l’a pas mentionné en tout cas. Il m’a juste parlé d’une certaine sorcière génétique. J’ignore de qui il s’agit.»
Ils étaient maintenant parvenus devant l’hôtel de la jeune femme. Personne n’avait osé les importuner. Quelques instants plus tard celle - ci descendait avec un jeune enfant d’environ un an.
« Excusez moi de me mêler de ce qui ne me regarde pas, demanda Sheila, mais le père de l’enfant ne vous accompagne pas.
– Il m’a quitté. L’appel de l’espace a été plus fort pour lui. Il est négociant indépendant. Il s’appelle David Bastion.»
A la mention de l’expression, négociant indépendant, Theudas fit la moue. L’homme était donc un contrebandier qui introduisait des marchandises en fraude dans les deux empires en provenance des Mondes Indépendants.
«  Nous allons vous accompagner jusqu’au glisseur, proposa Sheila.»
Au bout de quelques minutes ils arrivèrent au quai où attendaient les glisseurs qui semblaient de gigantesques navires mus par des voiles solaires. Tout un peuple de marins et de dockers s’affairaient. Mus par une impulsion incontrôlée, Theudas se dirigea vers le guichet de l’une des compagnies qui affrétaient les léviathans de métal. Il demanda deux billets à destination de Xiangu.
S’il avait eu la présence d’esprit de regarder derrière lui, il aurait aperçu un étrange mendiant dissimulant une partie de son visage derrière une capuche s’éloigner rapidement.
Il revint vers les deux jeunes femmes et tendit un des billets à Sheila.
« Nous sommes du voyage, dit il énigmatiquement. Et ne demandez pas pourquoi, j’ai pris ces billets. Mais il y a quelque chose qui m’a poussé à les acheter. Je crois que quelque chose d’important va se produire et nous en sommes.»

Le glisseur décolla. A un mètre environ sous l’étrave de ce gigantesque navire sur coussin d’air la prairie défilait monotone. Pour tuer la dizaine d’heures nécessaires au voyage la plupart des passagers montaient se dégourdir les jambes sur le pont. Theudas, Sheila, Mei Lin et son fils - il s’appelait Chan - ne firent pas exception à la règle. Ils devisaient joyeusement lorsque Theudas aperçut des points qui grossissaient sur l’horizon et qui se dirigeaient vers le glisseur.
Les points prirent formes et devinrent d’énormes créatures ailée au bec effilé comme un rasoir.
« Ce sont des stryx, cria Mei Lin, des oiseaux prédateurs.»
Les oiseaux gigantesques tournèrent longuement autour du glisseur. Certains faisaient mine d’attaquer, et remontaient dans les airs l’instant suivant.
« Leur attitude n’est pas normale, dit Sheila. Ils semblent contrôlés par un empathe.
– Ceux de ton ordre utilisent l’empathie pour contrôler leur ménagerie ?
– Pas forcément. Moi j’utilise une forme de télépathie, l’injonction mentale. Ce qui fait que je ne peux contrôler que des créatures peu évoluée : des invertébrés, et quelques batraciens ou reptiles primitifs. Si c’est un guerriers écologiques, il s’agit de quelqu’un de puissant.
– Est ce que tu pourrais le repérer ?
– Je peux repérer quelqu’un qui utilise des pouvoirs psi. Tous les utilisateurs de pouvoirs laissent des traces mentales. Mais cela peut prendre du temps.»
Les oiseaux continuaient leur ballet infernal autour du glisseur. Theudas sortit son pistolaser au cas où les oiseaux attaqueraient pour de bon.
Idriss s’était rendu compte que l’attaque de ces créatures n’étaient pas normale. Le jeune musicien Murano avait débarqué la veille sur Kouen Louen. Il avait voyagé à bord de la nef d’un clan nomade. Il avaient fortuitement découvert en quelques discussions que les nomades étaient des adorateurs de la sorcière génétique. Il avait profité d’une halte dans un relais spatial tenu par des insectoïdes Chibit pour se renseigner sur ce culte. Les insectoïdes pourtant grands pourvoyeurs d’information et de secrets n’avaient put répondre à ses interrogations.
Et il se trouvait à présent sur ce glisseur cerné par des Stryx. Les créatures étaient à n’en pas douter contrôlée par un autre empathe. Il avait peut - être une chance de la vaincre. il devait essayer de prendre le contrôle de ces créatures pour les éloigner du glisseur. instinctivement sa flûte se retrouva dans sa main. Il connaissait surtout les mélodies destinées à tuer. Les autres, influant sur d’autres zones du cerveau, il en avait des notions. Mais il ne les maîtrisait pas complètement. Il commença à jouer. Il improvisa une mélodie. Au premier, abord il fut maladroit. Puis au fur et à mesure de son interprétation il s’enhardit. Il toucha enfin l’esprit des créatures. L’autre résistait, il était puissant. Mais Idriss ne se laissa pas décourager. Il continua à jouer. L’autre finirait sans doute par capituler devant la succession d’attaques que lançait Idriss pour contrôler les bêtes. L’autre continuait sa résistance, même si le contrôle qu’il avait sur les créatures faiblissait. L’inconnu gardait encore assez de force mentale pour tenir suffisamment les créatures. Idriss continuait de jouer, des mélodies de plus en plus subtiles et complexes, espérant pouvoir ainsi faire lâcher prise à son adversaire.
Pendant ce temps, Sheila ne restait pas inactive. Elle se concentrait pour repérer les traces laissé par leur adversaire. Bien sur l’intervention du flûtiste rendait les choses plus compliquées. Mais en même temps l’empathe devant mener un combat mental pour garder le contrôle sur les créatures, il n’arrivait plus à dissimuler ses traces. Elle repéra bientôt une trace ténue qu’elle suivi jusqu’à un homme se tenant à l’écart. Une grande souffrance se lisait sur son visage, prouvant qu’il arrivait de plus en plus difficilement à contenir l’attaque du flûtiste.
Elle le désigna à Theudas. Celui ci le visa avec son pistolaser. L’homme s’écroula.
Idriss ressentit un choc. Il commençait tout juste à faire céder les première barrières de son adversaire quand il vit celui ci s’écrouler. Alors il ne sut pas ce qui passa mais il sentit qu’il se déconnectait de la réalité. Il vit une grande banquise sur laquelle voguaient des milliers de petit glisseurs qui semblaient se diriger vers une cathédrale qui semblait creusée dans la montagne couverte de glace qui apparaissait à l’horizon. Cette hallucination ne dura pas plus de quelques secondes. Puis enfin il compris ce qui venait de se passer. Un homme venait d’abattre son adversaire.
Les Stryx s’éloignaient à tire d’ailes. Idriss s’approcha de l’homme qui rangeaient son pistolaser à sa ceinture.
« Je m’appelle, Idriss Halleck, l’un des derniers survivant de l’école Murano.
– Theudas Gris, voici Sheila Balol, guerrière écologique, et là Mei Lin une mémorialiste et son fils Chan.»
Le jeune enfant âgé d’à peine un an, gazouilla.
Theudas, Sheila et Idriss profitèrent de la fin du voyage pour faire plus ample connaissance.
« Nous sommes tous liés à l’élu finalement, conclut Theudas, puisque la sorcière génetique et l’élu sont liés l’un à l’autre.
– Mais qui est l’élu, demanda Sheila.
– Un jeune enfant normalement dont le destin est de réunir les deux empires...
Pris d’une intuition il se tourna vers Chan qui jouait avec sa mère sur le pont.
– Je crois que le problème est réglé, dit Sheila qui venait également de comprendre.
– Nous ne sommes que trois, dit Idriss.
– Le quatrième finira par nous rejoindre, répondit Theudas. Nous ne pouvons pas rester ici. Quelle est la planète la plus sure de la galaxie, demanda - t - il en se retournant vers Mei Lin.»
Le petit animal apparut et posa ses tentacules surs le font de la jeune femme qui entra dans une transe numérique. Elle avait accès aux information stockées dans le cerveau du petit animal. Ce dernier était relié à tous ses semblables sur la planète par des liaisons télépathiques. Les informations se recoupaient et se confrontaient dans ce réseau à la fois spirituel et organique. Enfin la réponse tomba, laconique :
« Opaline.


– C’est bien ce qu’il me semblait. Destination Opaline.»